"Vous me pourrissez la vie »
« Tu as toujours été plus lent que ton frère »
« Heureusement que tu es jolie, ça d’aidera peut-être »
« A quoi tu sers ? Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter un fils comme toi ? »
« Je n’en voulais pas, je n’aurai jamais dû avoir d’enfants »
Tous ces mots, prononcés sans réfléchir, souvent sous le coup de la colère, ne seront jamais oubliés. Gravés à tout jamais dans notre boîte noire, ils constitueront les éléments néfastes d'une mémoire traumatique.
Ces violences et humiliations verbales auront pour conséquence des réminiscences psychologiques intrusives qui envahiront la conscience au fil du temps, le jour comme la nuit (par des flash-back, des cauchemars), et finiront par agir à un niveau inconscient formant ainsi un état névrotique et influenceront négativement notre vie comme des bombes à retardement.
Que deviendra l'enfant qui a entendu depuis son plus jeune âge qu'il n'était bon à rien ou qu'il était en trop ?
Pourra-t-il rompre cet ancrage initié par un parent n'ayant pas réglé lui-même ses comptes avec ses propres parents ?
Nous croire capables de réussir un projet très important auquel personne ne croit, peut nous conduire à le réaliser. Inversement, les croyances limitantes nous brident et nous font potentiellement renoncer à notre ambition, nous menant à l’échec, à une dynamique d’auto-sabotage avant même d’avoir essayé.
La névrose serait donc transgénérationnelle ?
Il est établi que ce parent maltraitant a lui aussi entendu ces mots blessants qu'il répète et transmet comme un virus à son enfant qui sera peut-être à son tour un parent maltraitant.
Génération après génération, les mauvaises croyances, les fausses croyances vont se transmettre en chaque nouveau-né.
Les mots prononcés ont un pouvoir puissant et ne sont jamais anodins.
Nombres d’adultes manquent d'estime d'eux-mêmes et de confiance. Tout ce qu'ils prétendent être n'a pas de valeur et n'est jamais assez bien.
Mais pour plaire à qui ?
D’abord à papa et à maman.
Cette absence de reconnaissance, de mots bienveillants va les condamner à tenter de séduire un parent inconscient (amis, proches, patrons) afin d’obtenir l'assurance d’une certaine valeur vis-à-vis du regard de l’autre.
Ce système tournera à vide puisque le doute restera permanent et tous ces efforts vains.
L'adulte, poussé par l'enfant meurtri qui sommeille en lui, ne cessera d'attendre de chacun la confirmation qu'il vaut bien quelque chose et n’aura de cesse de se comparer perpétuellement aux autres.
La moindre critique, le moindre échec sera une catastrophe, une confirmation de ce ressenti viscéral.
Conscient et inconscient
> Conscient :
Certains sont conscients de souffrir de ce manque d’estime d’eux-mêmes et demandent de l’aide. Ils essaient tant bien que mal de trouver une issue. Le chemin sera long et douloureux mais salvateur.
> Inconscient :
Et puis il y a les autres. Ceux qui n'ont absolument aucune conscience que leur comportement présent est pleinement dicté par leur névrose (par exemple rabaisser l'autre dès que possible, ou éviter tout nouvel apprentissage afin de ne pas se retrouver confronté à leurs limites, leurs impuissances). Ils luttent inconsciemment contre ce démon qui les ronge de l’intérieur ou prétendent même être plus brillants et confiants que la majorité d'entre nous (défense). Ils ne cesseront de prendre la parole en permanence pour étaler, s’afficher, capter l’attention, impressionner leurs hôtes.
Pour ceux-là, le chemin sera encore plus long, peuplé d’embûches, d’incompréhension, de conflits perpétuels et de points d’arrêts brutaux. Le schéma se répètera inlassablement.
Moins ils comprendront et plus les chocs et les épreuves seront éprouvants.
Conscient ou inconscient, il faudra des épreuves de vie, de la maturité, pour enfin prendre l’option de régler ses comptes avec un passé qui n’est peut-être pas le nôtre et qui pourtant nous empêche d’être complètement nous-même.
L’appui d’un professionnel avisé et de la persévérance permettront à certains de vivre mieux, plus serein, et peut-être plus longtemps.
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